Parmi les nouvelles pratiques philosophiques (café philo, ciné philo, etc.) qui se développent un peu partout depuis une vingtaine d’années, on peut citer la consultation philosophique, dont le représentant le plus connu en France est Oscar Brenifier. La consultation philosophique repose sur l’échange entre un professionnel de la discipline et une personne en proie aux questions existentielles. La consultation philosophique ne s’apparente nullement à l’approche thérapeutique de type psychologique et le philosophe consultant n’est pas là pour répondre aux souffrances psychiques des individus venus le consulter. Son rôle consiste à aider à la clarification des questions que se pose son interlocuteur. Le philosophe consultant s’emploie à guider la pensée d’autrui, à reformuler des questionnements et à montrer des pistes de sens possibles, mais n’agit jamais comme un prescripteur de doctrines philosophiques. Son rôle n’est pas d’asséner de prétendues vérités mais de mettre ses connaissances et son inventivité conceptuelle au service des problématiques toujours singulières de ses interlocuteurs. Ceci étant dit, une question importante se pose : quelle méthode le philosophe doit-il employer pour mener à bien cet échange ?
Pour son compte, Oscar Brenifier pratique l’interrogation socratique. A partir d’une question initiale exposée en début de séance par le consulté, il cherche par le biais d’un interrogatoire serré à faire émerger une question plus essentielle. Cette approche a le mérite d’insister sur les contradictions dans les réponses et d’inviter à leur dépassement, mais a pour inconvénient majeur d’enfermer la pensée dans un processus logique réducteur. D’autres consultants en philosophie, dont je tairai les noms, vendent leur savoir-faire de la même manière que les coachs et cherchent à séduire leur clientèle potentielle en entretenant le flou entre méthode de développement personnel et pratique philosophique. Ce sont souvent les mêmes qui officient en entreprise. Vive le management par la philosophie ! Plus sérieusement, pour pratiquer moi-même (de manière occasionnelle) la consultation philosophique, je voudrais énoncer les points suivants.
– Si la philosophie s’adresse à tous en droit, dans les faits il n’en va pas de même. Il suffit d’avoir enseigné en classe de terminale pour le comprendre.
– Il n’y a pas de méthode idéale pour la consultation philosophique. Le pragmatisme est souvent de mise.
– Les forces du philosophe reposent sur ses capacités à questionner le monde de manière originale et non sur un prétendu pouvoir explicatif.
– La consultation philosophique repose autant sur le feeling du consultant philosophe que sur ses aptitudes conceptuelles.
– La consultation philosophique doit s’inscrire dans un espace de liberté, car elle cesse d’être philosophique quand elle cherche à articuler les notions de pouvoir et de désir au sein des institutions.
En conclusion, la consultation philosophique doit rester une pratique marginale qui ne promet ni ne vend rien.